Après avoir vaincu le fantôme du Capitaine Skull, Kelsea, Alexias et Cabiyari remontèrent à bord du Nécrophore pour avertir leurs alliés de la présence possible d’une autre aberration venue des étoiles. Les trois plongeurs étant à la fois épuisés et blessés légèrement, il fut décidé de leur laisser la nuit pour se reposer et de retourner inspecter la ruine le lendemain matin.
À la levée du jour, un des marins du Nécrophore alerta le capitaine Arkos de la présence d’un trio de requins tournant autour du navire. Si les bêtes ne posaient aucun danger pour les gens à bord, leur présence était vue par beaucoup comme un mauvais présage et risquait de mettre en péril la descente des compagnons de Robann, surtout que le plus gros des requins semblait bien faire plus de deux mètres de long.
Aidés par un autre rituel de Cabiyari pour leur permettre de respirer sous l’eau et éclairés pas une torche magique, les cinq compagnons plongèrent sous la mer pour retrouver les ruines du fort de l’époque d’Istar. Avant d’avoir retrouvé le passage menant vers l’Intérieur, le groupe fur approché par le requin géant aperçu plus tôt et par deux elfes des mers.
Les compagnons reconnurent presque immédiatement Marianna et Merianna, les deux sœurs qui les avaient sauvés de la noyade lors du naufrage du Nécrophore. Ce naufrage n’ayant jamais eu lieu, suite à l’Intervention de voyage temporel, les deux elfes ne reconnurent pas les aventuriers.
Fait étrange, Azzit avait entendu dire que les elfes aquatiques vouaient une haine féroce envers les requins et qu’ils n’hésitaient pas à chasser l’animal, alors qu’ils respectent habituellement toutes formes de vie. Cabiyari eut un instant l’Impression que les deux sœurs en voulaient à leur équipement mais, une fois la conversation entamée, il s’avéra que c’était plutôt leurs personnes qui les intéressaient.
Accusées d’avoir causé la mort de six personnes tombées à la mer lors d’un combat naval au-dessus des ruines d’Istar, Marianna et Merriana avaient préféré fuir plutôt que de courir le risque d’être emprisonnées à perpétuité, même en sachant que cela leur vaudrait d’être marquées à jamais comme des elfes noirs.
Déterminées à ramener les aventuriers vivants à Istar pour prouver leur innocence, même sans la présence du kender Meric, les elfes récitèrent un chant elfique qui conjura un être d’eau armé d’éventails. Marianna et Merrianna étaient apparemment déterminées à ramener leur évidence de force si nécessaire, mais les compagnons réussirent à leur faire entendre raison.
Les sœurs acceptèrent de laisser l’équipe faire ce qu’elle était venue faire dans les ruines du petit fort en échange de quoi les aventuriers iraient témoigner en leur faveur à la cour d’Istar devant Apoletta. Pour s’assurer qu’aucun autre ne périsse dans cette aventure (et probablement pour garder un œil sur eux), les elfes ordonnèrent à l’archonte d’eau de les suivre pour les protéger.
Le groupe de cinq s’enfonça donc de nouveau dans les fissures donnant accès à l’intérieur du fort. Si l’étage supérieur ne contenait plus que les cadavres de deux hommes-crapauds géants, il en allait tout autrement du rez-de-chaussée. Sur l’autel d’une ancienne salle de conférence se trouvait un monstre horrible que tous reconnurent, même si personne ne vit exactement la même chose. Il s’agissait du scion de Gibbeth, créature chaotique et instable, que les compagnons avaient bannie quelques mois auparavent. Dans leurs têtes, les guerriers formant l’avant-garde du groupe entendirent la bête se réjouir du fait qu’elle était immortelle et qu’elle reviendrait toujours, tant qu’Allabar lui ouvrirait la voie.
Au signal de la chose, deux poissons tentaculaires sortirent des ombres pour bloquer le passage d’un mur de mucus. Au même moment, un crustacé géant doté de dizaines d’yeux surgissait de l’arrière pour s’en prendre à Cabiyari.
S’activant rapidement, l’archonte se porta à la rescousse du druide tandis que les autres membres du groupe tentaient de concentrer leurs attaques sur la menace principale. Cabiyari se déprit, mais le regard du crustacé attira Kelsea dans ses pinces à son tour. Grâce à l’assistance de l’archonte, elle se déprit elle aussi et rejoint ses collègues qui éliminaient les deux poissons mutants.
Tentant le tout pour le tout, Azzit se servit du pouvoir de son armure pour essayer de forcer le scion de Gibbeth à se rendre. Si le monstre se mis à s’éloigner autant que possible du draconien, il continua à se battre, tout en essayant de négocier avec ses assaillants pour avoir la vie sauve. Ce faisant, il révéla beaucoup d’information qui échappait encore aux héros. Allabar vivait dans les cieux, d’où il envoyait sur Krynn les avatars d’autres astres malveillants. Cependant, il ne pouvait le faire que dans certaines conditions astronomiques précises. Le scion confirma également l’hypothèse selon laquelle moins il restait d’avatars, plus ceux qui restaient devenaient puissants.
N’écoutant pas ses appels à la clémence de l’aberration, les compagnons l’achevèrent et Alexias commença le rituel nécessaire pour la renvoyer chez elle. Pendant ce temps, Kelsea commençait déjà à fouiller la bâtisse à la recherche du trésor englouti du capitaine Skull. Dans ce qui avait jadis été le sous-sol du petit fort, elle trouva le plus gros butin qu’il lui ait jamais été donné de voir. La majeure partie était composée d’or et d’argent, autrefois précieux mais aujourd’hui inutile au-delà de la joaillerie, et, Alexias le confirmera plus tard, le trésor ne comportait aucun artefact magique, mais il y avait tout de même suffisamment de bijoux et de pierres précieuses pour que tous les membres du groupe puissent prendre une retraite confortable.
De retour à la surface, les cinq aventuriers furent confrontés à une scène à laquelle personne ne s’attendait. Alors que Marianna et Merianna s’enfuyaient du Nécrophore tandis que le vaisseau dévorait littéralement leur requin des dents acérées qui étaient apparues dans sa proue. Sur le pont, mats et cordage attaquaient les membres d’équipage qui n’eurent d’autre choix que de sauter à la mer bien que la plupart ne sachent pas nager.
Quand les aventuriers s’approchèrent, le bateau s’adressa à eux dans une voix grave que Cabiyari, Alexias et Kelsea reconnurent comme celle du vrai capitaine Skull. Il les remerciant chaudement de l’avoir libéré de la prison dans laquelle les dieux l’avaient enfermé pendant des siècles et les invita même à monter à bord pour lui servir d’équipage. Ayant pris possession d’un vaisseau rapide doté de puissantes armes de métal qu’il ne connaissait même pas, le capitaine Skull était prêt à redevenir la terreur de la mer d’Istar.
Cependant, maintenant qu’il avait goûté à la liberté, Arkos refusait de servir sous les ordres d’un autre pirate minotaure et il sonna la charge. Suivant son exemple, ses compagnons nagèrent vers le bateau et commencèrent à lutter contre un monstre de bois capable de provoquer des vagues et des remous envoyant sous les eaux tous ceux qui s’en approchaient, d’attraper ses victimes dans des enchevêtrements de bois et de cordes et de les broyer contre sa coque.
Grâce à l’aide de ses compagnons, notamment d’Azzit qui pouvait voler au-dessus des eaux et qui fit geler l’eau autour du Nécrophore suffisamment longtemps pour permettre aux autre marins de s’agripper à quelques chose quelques instants, Arkos chassa l’âme de Skull hors de son navire. Cette fois-ci, Cabiyari était convaincu d’avoir assisté à la désintégration de l’âme et qu’elle ne reviendrait plus pour les hanter.
Après avoir réparé les dommages causés à la structure du navire, les compagnons remplirent leur promesse et accompagnèrent les deux Dargonesti jusqu’aux ruines d’Istar, là où ils pourraient servir de preuves devant Apoletta et son époux Zebulah. Ce dernier s’avéra être un très vieux mage humain, portant ce qui avait sans doute jadis sans doute été des robes rouges.
L’explication selon laquelle les compagnons avaient dû se tuer eux-mêmes ne les aida point puisque cela ne fit que faire passer sur eux le fardeau du crime. Alors qu’Apoletta considérait seule de les enfermer à jamais dans les ruines pour ces meurtres, le récit de la chasse aux aberrations célestes poussa son mari à l’appuyer férocement. Selon lui, les compagnons contre des forces qu’Ils ne comprenaient pas et risquaient de faire plus de mal que de bien s’ils ne laissaient pas l’affaire entre les mains de professionnels, c’est-à-dire les mages de l’Ordre de haute sorcellerie. Zebulah lui-même, cependant, était satisfait de vivre isolé du reste du monde et refusait de s’en mêler personnellement. Étrangement, il s’adressait continuellement au dos d’Arkos et semblait sous-entendre que les mages de l’Ordre étaient déjà au courant.
Pour ce qui était de Marianna et Merriana, si elles devenaient exonérées de l’accusation d’avoir tuer des naufragés, elles n’en avaient pas moins fui plutôt que de faire face à la justice, choisissant ainsi elles-mêmes de devenir des parias. Elles auraient sans doute pur racheter leur faute, mais Arkos sut se montrer convainquant et les persuada de se joindre à son équipage.
Au retour à Robann, Azzit n’eut même pas le temps d’aller faire son rapport au Commandant Chaghra qu’un sous-officier courut sur les quais pour informer le groupe que des visiteurs à l’allure très importante les attendaient à l’auberge pour les rencontrer sur le champ. Curieux, les aventuriers laissèrent le reste de l’équipage s’occuper du Nécrophore et se sa cargaison pour se rendre à l’auberge. Les trois visiteurs se trouvèrent à être nuls autres que Dalamar le Sombre, Maîtresse Jenna et Coryn Brinefolk, les têtes des trois ordres de mages. Pour que les trois se déplacent d’un commun accord, l’affaire devait être critique pour eux.
Dalamar, clairement le chef du trio, semblait être particulièrement bien informé des agissements des compagnons lors des deux dernières années. Contrairement à ce que Zebulah avait suspecté, Dalamar approuvait de la chasse que les compagnons menaient. Il les incita même à en accélérer le rythme, car il semblait avoir compris qu’Allabar avait la possibilité de renvoyer sur Krynn une de ses créatures chaque fois que les lunes de Krynn étaient en sanction, c’est-à-dire dans la même phase en même temps. Une sanction mineure avait eu lieu deux mois auparavant, mais les trois lunes seraient pleines en même temps dans 104 jours. Si les trois aberrations restantes n’étaient pas éliminées d’ici là, il faudrait recommencer pour au moins lune d’entre elles.
Évidemment, Dalamar confirma l’hypothèse selon laquelle chaque aberration qui disparaissait divisait sa puissance entre celles qui restaient, mais il pu aussi confirmer que l’une d’entre elles se trouvait dans la région du Palais du Mur de glace et qu’une autre était vraisemblablement en Taman Busuk, utilisant ou étant utilisée par les forces des chevaliers de Neraka. Pour aider les compagnons dans leur quête, Dalamar leur laissa les coordonnées d’un cercle de téléportation situé dans l’arrière-boutique d’un mage à Tarsis, à quelques jours de voyage du Mur de glace.
Si les deux compagnons de l’elfe noir étaient restés plutôt silencieux pendant la rencontre, Coryn alla voir Alexias avant de quitter pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. Disant rêver d’un monde où mages et sorciers pourraient travailler main dans la main, elle remit un anneau enchanté à Alexias en reonnaissance de leur collaboration.
Quelques jours plus tard, les compagnons utilisèrent l’adresse laissée par Dalamar pour se téléporter magiquement jusqu’à Tarsis. Ils y découvrirent une ville totalement reconstruite par rapport à la Tarsis en proie aux flammes et aux draconiens qu’ils avaient visitée pendant la Guerre de la Lance. Sans perdre de temps, ils allèrent acheter des chevaux et du matériel d’exploration dans le but de prendre la route du sud vers la calotte glaciaire aussi connue sous le nom de Mur de glace.
Après quelques jours de voyage, et bien qu’on soit en plein milieu de l’été, le vent froid du glacier commençait à se faire sentir. Assez rapidement, la plaine laissa place à des escarpements de roche et de glace impossibles à franchir par les chevaux. Après avoir libéré les bêtes et pris le matériel restant sur leurs épaules, les compagnons entreprirent, pour la deuxième fois de leur vie, l’ascension du Mur de glace.
Parvenu au sommet des premiers escarpements, le groupe mit le cap vers l’ancien palais de Feal-Thas. Chemin faisant, les aventuriers se firent prendre en étau par un groupe de thanois, les cruels hommes-morses vivant à l’extrême sud d’Ansalon. Arkos provoqua le chef de la bande en combat singulier dont il sortit vainqueur, provoquant la fuite des autres thanois et récoltant au passage son armure et son casque en peau de loup blanc, le même type de loup que ceux qui servaient autrefois l’elfe noir Feal-Thas.
Quelques heures plus tard, les compagnons aperçurent les voiles blanches des traîneaux du peuple des glaces. N’ayant d’autre choix de les laisser aller à leur rencontre, les compagnons discutèrent longuement avec eux. Si, comme de coutume, les chasseurs se montrèrent très méfiants à la vue d’Azzit, ils acceptèrent tout de même d’escorter les cinq étrangers jusqu’à leur village. Même si ces derniers pouvaient se protéger magiquement du froid, ils étaient tous heureux à l’idée de ne pas passer une autre nuit dans une tente sans chauffage à manger des rations de survie.
Fruit du hasard ou non, le village se trouva à être celui de la même tribu que celle qui avait accueilli les compagnons et les trois chevaliers de Solamnie pendant l’épisode du voyage temporel vers la Guerre de la Lance. Ne reconnaissant pas les compagnons, mais se souvenant clairement des armures qu’ils portaient, le chaman du village, celui que les compagnons avaient anciennement connu sous le nom de Raggart le Jeune, se senti profondément troublé par leur présence et il fallu travailler fort pour convaincre le nouveau chef de leurs intentions pacifiques.
Lors du banquet finalement organisé en l’honneur des cinq invités, Raggart s’entretint avec eux des problèmes affligeant le glacier à l’époque présente. Les thanois étaient plus agressifs qu’à l’habitude. Les animaux, mêmes les plus paisibles comme les rennes et les yaks, étaient devenus agités, voire même féroces. Le manque de gibier facilement accessible avait créé de grandes tensions entre les tribus du peuple des glaces, si bien que Raggart craignait que certaines d’entre elles entrent en guerre, laissant le champ libre aux thanois pour passer à l’attaque à leur tour.
Selon Raggart, la source du problème se situait dans l’ancien palais de Feal-Thas, mais sans autre preuve qu’une intuition, aussi divine puisse-t-elle être, le nouveau chef ne voyait pas comment cela pourrait s’avérer une priorité, d’autant plus que la place avait la réputation d’être hantée et que personne n’y avait apparemment mis les pieds depuis le second cataclysme.
Se doutant qu’une des aberrations cosmiques puisse se trouver dans le Palais du Mur de glace, les compagnons se couchèrent pour la nuit dans une des huttes du village, espérant que, cette fois-ci, ils ne se retrouveraient pas plongés dans un cauchemar dont ils ne pourraient plus sortir.